Category Archives: Que puis-je faire pour protéger ma fertilité?

Quelle technique de préservation de la fertilité faut-il choisir?

Quelle technique de préservation de la fertilité faut-il choisir?

Grâce aux possibilités d’approche multiples et aux techniques dont l’efficacité s’est renforcée ces dernières années, les différentes méthodes peuvent être associées dans certains cas pour augmenter les chances de naissance d’un enfant après la guérison. Le principe de cette approche est l’individualisation de la préservation de la fertilité. Nous entendons ici qu’en fonction de l’âge de la patiente, de sa réserve ovarienne, du type de tumeur et de la toxicité du traitement, différentes options sont possibles. On peut opter, dès la prise de décision thérapeutique initiale, pour une méthode unique de préservation de la fertilité qui ne retarde pas le début du traitement du cancer. Par contre, si la maladie oncologique permet de reporter le début du traitement du cancer de quelques semaines, on peut parfois choisir par exemple d’associer la cryoconservation de tissu ovarien et la stimulation ovarienne avec cryoconservation des ovocytes ou des embryons.

Qu’est-ce que la protection pharmacologique?

La protection pharmacologique des ovaires

Protéger les ovaires des effets toxiques de la chimiothérapie offre de nombreux avantages. Cette option permettrait d’augmenter les chances de grossesse naturelle après la chimiothérapie. Le seul traitement qui a été testé de nos jours chez les femmes atteintes de cancer du sein pour protéger les ovaires des effets néfastes de la chimiothérapie sont les analogues de la GnRH, inhibiteurs de la sécrétion de LH et de FSH. Ce médicament, bien connu en médecine de la reproduction, pourrait diminuer la sensibilité des ovaires aux agents de chimiothérapie en les mettant au repos, dans un état comparable à ceux des enfants avant la puberté.
Les résultats des études réalisées afin d’évaluer le retour des cycles menstruels et la protection de la réserve ovarienne des patientes traitées avec des analogues de la GnRH pendant la chimiothérapie montrent un bénéfice de ce médicament chez les patientes traitées pour cancer du sein, mais les avantages à plus long terme, notamment sur la fertilité, restent incertains.
Ce traitement peut donc être proposé pendant la chimiothérapie sous réserve d’une information claire de la part du médecin, et ne remplace pas les autres options de préservation de la fertilité. D’autre part, il n’est pas remboursé dans cette indication.

Qu’est-ce que la Maturation In Vitro (MIV)?

Qu’est-ce que la Maturation In Vitro (MIV)?

La maturation in vitro (MIV) des ovocytes est une technique de procréation médicalement assistée qui consiste à recueillir les ovocytes à un stade immature, sans traitement hormonal préalable ou après un traitement hormonal très court. Ces ovocytes sont ensuite portés à maturation au laboratoire et non pas dans les ovaires comme cela se passe lors dans un cycle naturel. Ils sont dès lors prêts à être fécondés par un spermatozoïde. Étant donné la facilité d’application de la technique pour la patiente, la simplicité et la courte durée du traitement, la MIV peut-être proposée comme alternative afin de cryoconserver des ovocytes (ou des embryons) pour les patientes atteints d’une maladie oncologique, surtout quand le délai avant le début du traitement est trop court pour permettre une stimulation ovarienne traditionnelle. Le taux de succès de cette procédure est néanmoins moindre.
Étant donné la faible charge hormonale qu’elle impose, la MIV est notamment adaptée aux patientes ayant un cancer du sein sensible aux hormones. Il existe deux méthodes pour trouver des ovocytes afin d’effectuer une MIV :
MIV par ponction des ovaires par voie vaginale :
Les follicules des ovaires sont ponctionnés par voie vaginale sous anesthésie locale ou générale. Les ovocytes obtenus arrivent à maturation en laboratoire. Ils sont soit congelés d’emblée, soit fécondés par les spermotozoïdes. Les embryons obtenus sont alors congelés
MIV des ovocytes obtenus en laboratoire juste avant la cryoconservation de tissu ovarien :
Si vous optez, en accord avec votre médecin, pour l’ablation chirurgicale d’une partie d’ovaire, des ovocytes immatures peuvent être obtenus pendant la procédure de préparation du tissu ovarien en laboratoire afin que celui-ci puisse être congelé par la suite. Ces ovocytes sont maturé in vitro.

Une stimulation des ovaires est-elle possible pour préserver ma fertilité?

Une stimulation des ovaires est-elle possible pour préserver ma fertilité?

La stimulation des ovaires avant un prélèvement d’ovocytes matures durent une dizaine de jours et se fait par injections sous-cutanées de médicaments appelés gonadotrophines qui vont permettre la croissance de plusieurs follicules (contenant les ovocytes) en même temps dans les ovaires. Pendant cette période, des prises de sang et des échographies par voie vaginale seront régulièrement réalisées pour vérifier la croissance de ces follicules et surveiller les taux d’hormones. Étant donné que les œstrogènes (hormones féminines) jouent un rôle important dans l’apparition de certains cancers du sein, l’augmentation de ces hormones dans la circulation pendant la stimulation des ovaires peut favoriser le développement et la multiplication des cellules cancéreuses. Par conséquent, le traitement est adapté pour éviter ces effets néfastes éventuels en administrant des médicaments « anti-œstrogènes » en comprimé comme le létrozole pendant toute la durée de la stimulation. Ces produits permettent d’obtenir plusieurs ovules en même temps, sans augmenter les concentrations d’hormones dans le sang. Une étude a montré que ce protocole de stimulation adapté n’augmente pas le risque de rechute après le traitement du cancer du sein et ne porte donc pas atteinte aux chances de survie de la patiente.

Faut-il congeler des ovocytes ou des embryons?

Faut-il congeler des ovocytes où des embryons?

Le prélèvement d’ovocytes matures est considérée comme la première technique à proposer pour préserver la fertilité lorsque le délai avant le début de la chimiothérapie est suffisant. Il permet de conserver plusieurs ovocytes ou embryons jusqu’au désir d’enfant.
Si vous êtes en couple et aviez déjà des projets d’enfants, vous pouvez choisir de féconder les ovocytes avec ses spermatozoïdes et de congeler les embryons quelques jours plus tard. Pour que la procédure soit remboursée, une demande doit être faite à votre mutuelle. Lorsqu’une grossesse est autorisée, les embryons seront décongelés un par un ou deux par deux et transférés dans votre utérus. L’accord des deux partenaires est nécessaire pour utiliser les embryons congelés.
Si ce n’est pas votre cas, il est possible de congeler les ovocytes. Cette procédure est remboursée par la mutuelle jusque l’âge de 38 ans. Lorsqu’une grossesse est envisageable, si vos ovaires ne produisent plus d’ovocytes, ceux cryopréservés seront décongelés et fécondés in vitro par les spermatozoides du futur père de vos enfants. Les embryons ainsi obtenus seront transférés dans votre utérus.
Afin de prélever les ovocytes matures pour les congeler ou les féconder et congeler les embryons, un traitement de stimulation ovarienne est nécessaire. Celui-ci sera adapter à votre situation (voir « Une stimulation des ovaires est-elle possible pour préserver ma fertilité ? »)

La législation belge permet de conserver les ovocytes pendant 10 ans. Pour les embryons, le délai de conservation est de 5 ans. Les délais peuvent toutefois être prolongés pour des raisons médicales, comme en cas de diagnostic de cancer.

Qu’est-ce que la cryopréservation de tissu ovarien?

Qu’est-ce que la cryopréservation de tissu ovarien?

La cryopréservation du tissu ovarien est une alternative efficace chez des patientes pour qui aucun délai avant de débuter la chimiothérapie n’est acceptable. Bien que remboursée jusque 38 maximum en Belgique, cette technique n’est cependant pas conseillée pour les patientes de plus de 36 ans.
Au cours d’une intervention sous anesthésie générale et par voie laparoscopique, qui n’excède généralement pas 30 minutes et qui peut être réalisée en urgence, des fragments d’ovaire (ou un ovaire entier) sont prélevés. Le tissu est transporté jusqu’au au laboratoire de référence afin de procéder à la congélation de fragments. Une partie de ces fragments d’ovaires feront l’objet d’une analyse microscopique afin d’une part d’évaluer la réserve ovarienne, c’est-à-dire la présence des follicules contenant les ovules au niveau du tissu prélevé et d’autre part de s’assurer de l’absence de cellules cancéreuse au niveau des prélèvements.
Après la chimiothérapie , deux situations peuvent se présenter:
Soit la patiente récupère des cycles menstruels dans les 6 à 12 mois après la fin de la chimiothérapie, elle pourra alors envisager une grossesse spontanée après avis de son oncologue. Soit la patiente ne récupère pas de cycles menstruels ou présente des règles anormalement espacées, et/ou des signes d’une insuffisance ovarienne précoce tels que les bouffées de chaleur, sa fertilité est alors probablement compromise. Le diagnostic d’insuffisance ovarienne prématurée sera confirmé par une prise de sang et une échographie gynécologique qui confirmeront qu’elle n’a plus suffisamment d’ovules dans les ovaires pour avoir un enfant spontanément. Il sera alors proposé une réimplantation du tissu ovarien après avis oncologique et évaluation du risque de la procédure. Dans la mesure du possible, tous les fragments ne sont pas réimplantés en une opération, car la réimplantation en plusieurs fois peut augmenter les chances de restaurer non seulement l’activité ovarienne mais également la fertilité naturelle, à condition évidemment que les trompes soient présentes et perméables. Une deuxième intervention peut-être aussi envisagée lors de désir d’un second enfant. A ce jour, les naissances de plus de 150 enfants ont été rapportées dans la littérature suite à l’application de cette technique de réimplantation de tissu ovarien cryopréservé. Les chances d’avoir au moins un enfant suite à une implantation de tissu ovarien sont estimées autour de 40% à ce jour.